Une catastrophe indescriptible.
Il avait pourtant l’air sympa, ce bar à tapas.
Et sa petite salle en sous-sol me semblait parfaite pour organiser mes 35 ans avec mes amis. Je ne fête pas souvent mon anniversaire, et comme je savais que mes amis allaient profiter de cette occasion pour me gâter, je voulais les recevoir du mieux que je pouvais, malgré mes moyens réduits.
Un mois et demi avant l’événement, je me déplace donc pour le visiter et, sur le conseil de la dame qui s’occupe visiblement de l’entretien, appelle la propriétaire au téléphone pour poser quelques questions et tout organiser : elle est sympa, rassurante, je me dis que j’ai fait le bon choix et trouvé une petite pépite - un endroit sans prétention mais chouette. Je réserve la salle par privateaser.
Deux jours avant le jour J, comme elle me l’avait conseillé, je lui envoie un sms pour lui commander deux planches de tapas pour que mes amis puissent manger sur place - ça fait 140€ ce qui, pour moi, est une grosse somme. Elle me dit qu’il n’y a pas de problème et me dit que ce serait sympa si j’apportais la somme en liquide le jour même. Ok, je me dis, j’ai envie que tout roule pour le mieux, donc on va faire comme ça.
Le jour de la fête, je décide de passer au bar en milieu d’après midi pour déposer mon gâteau, afin qu’ill ne m’encombre pas le reste de la journée. Je tombe sur celle avec qui j’étais en contact jusqu’à présent, tout à l’air d’aller bien : je dépose donc mon gâteau et en profite pour lui donner en liquide les 140€ des tapas. Elle me demande : “Vous voulez bien deux plateaux? Pour 140?€”
Je confirme. Tout semble encore rouler.
A 19h15, je lui envoie un sms car je suis encore dans les transports - un peu en retard à cause d’une réunion professionnelle : mes invités risquent d’arriver un peu avant moi, pourrait-elle déjà allumer la lumière de la salle et mettre de la musique? Pas de réponse à mon sms, j’appelle donc quelques minutes plus tard par précaution. Je lui renouvelle ma demande et elle me répond “Ne vous en faites pas, nous allons accueillir vos invités”.
J’arrive à 19h35, et découvre que plusieurs de mes invités attendent devant le bar. On leur a dit qu’ils ne pouvaient pas rentrer. Ahurie, j’entre donc, et découvre qu’un "humoriste" est en train de s’exprimer avec un micro devant un petit public. Je regarde l’escalier qui mène au sous-sol que j’ai réservé: il est plongé dans le noir et je n’entends aucune musique. Je m’approche du bar, et m’adresse à une serveuse que je ne connais pas. Je lui demande ce qu’il se passe, pourquoi mes amis ne peuvent pas rentrer. Et là, sans avoir l’air du tout gênée ou désolée, cette serveuse m’explique que sa collègue s’est trompée dans le planning des réservations, qu’un podcast est en train d’être enregistré, qu’il ne faut pas faire de bruit et donc que mes amis ne peuvent pas entrer tant que ce n’est pas terminé. J’hallucine totalement et lui dis ma contrariété - je rappelle que mes amis attendent dehors alors que nous sommes en hiver, bonjour l’ambiance pour commencer un anniversaire. Alors cette dame, sans présenter la moindre excuse - ce qui serait pourtant la moindre des choses - me dit au contraire l’air condescendant que, comme elle me l’a expliqué, il y a eu un problème de planning et que je ne peux pas rentrer. Je m’impatiente : quand pourrons nous rentrer? C’est là que l’humoriste m’interpelle d’un ton qui ressemble bien plus à du mépris qu’à une volonté de me rassurer : “J’en ai pour 5 minutes, Madame”. Je me tourne vers lui et répète “5 minutes” d’un ton interrogatif? La nouvelle me soulage - si c’est l’histoire de 5 minutes, ça n’est pas si grave. Mais Monsieur se sent insulté par le ton de ma question et prend visiblement mon stress (j’attends 40 amis ce soir que j’espère bien recevoir correctement ) pour de l’agressivité. “Alors là Madame, en revanche, personne ne m’a jamais parlé comme ça”. J’apprendrai plus tard que tout ce binz est justement de sa faute puisqu’il s’est pointé à 19h pour son podcast au lieu d’arriver à 18h comme il le fait d’habitude…
Comme cette histoire sent le sapin, je m’inquiète de savoir si les tapas sont bien prêtes. La dame du bar m’explique alors que le cuisto a démissionné et donc que les tapas ne sont pas prêtes. On croit rêver - je rappelle que je suis passée dans l’après midi, que j’ai vu l'autre gérante en direct et qu’elle a déjà les 140€ que j’ai accepté de lui donner en liquide pour les dites tapas. D’un air hautain, elle me dit que de toutes façons les tapas c’est très rapide à préparer, qu’en 20 minutes ce sera prêt.
Les bras m’en tombent…
Je sors pour rejoindre mes amis. Je leur raconte l’histoire. La dame sort à son tour pour fumer une clope et s’offusque que je me plaigne de cette situation - et de son manque d’empathie - auprès de mes amis. La pauvre chérie...Je n’ai toujours pas entendu une excuse. Je lui demande pourquoi elle ne m’a pas prévenue plus tôt pour que je m’organise : très sûre d’elle, elle me dit l’avoir fait, mais que je n’ai pas répondu. J’hallucine : un numéro inconnu - pas celui avec qui j’étais en contact depuis le début - a effectivement essayé de m’appeler il y a une heure pendant ma réunion, mais sans laisser de message. Nous sommes au summum de la mauvaise foi.Et je rappelle que sa patronne ne m’a rien dit quand je l’ai appelée quelques minutes avant d’arriver.
Prise d’un éclair de lucidité, la dame, aimable comme une porte de prison, finit par nous faire descendre dans la salle. Il est 19h50. Nous n’avons plus froid, mais il n’y a toujours pas de musique, et personne au bar. Le podcast n’est toujours pas terminé et mes amis arrivent au compte-goutte, un peu étonnés de ce drôle d’accueil. Il est plus de 20h quand la musique résonne enfin. Il faut attendre 20h15 au moins avant que la barmaid n’arrive. Au moins elle a l’air plutôt sympa.
Les tapas ne sont toujours pas là. 3 fois je dois envoyer des copains pour demander si les tapas arrivent. Je crois qu’ils sont arrivés entre 21h et 21h30. Il parait qu’ils étaient bons - moi je n’en ai mangé aucun, toute cette histoire m’avait coupé l'appétit.
Et encore, ce n’est pas fini.
A partir de 22h30, toutes les 5 ou 10 minutes, des grappes de jeunes descendent les escaliers, posent leurs affaires, et entrent dans notre salle, quand ils ne s’approchent pas du bar pour piocher des parts de mon gateau d’anniversaire ! Mes amis et moi doivent sans cesse leur demander de s’en aller. Je leur dis qu’il s’agit d’une soirée privée, ils me répondent qu’on leur a assuré que le bar serait entièrement libre pour eux à partir de 22h30.La plupart sont heureusement plutôt éduqués et sympas et, à part deux pestes pretentieuses, ils comprennent la situation et s’en vont. Mais entre les problèmes du début et ceux qui commencent maintenant, je suis très stressée, pas du tout en train de profiter de mon anniversaire. J'essaye surtout de sauver les meubles en faisant au moins en sorte que mes amis passent un bon moment. Mais je ne suis pas au bout de mes surprises car, en montant au rez de chaussée, je comprends très vite que “Eux”, ça désigne une promotion entière d’école de commerce ! La salle est plus bondée qu’une fosse de concert et on met 5 minutes pour fendre la foule afin d’aller aux toilettes - ce qui vaudra à ma soeur de faire un malaise et à moi, de me prendre un doigt dans l’oeil. Je lirai plus tard, sur les commentaires internet, que ce bar n’a aucun scrupule à accepter plusieurs réservations à la fois.
A 23h30, un homme du bar dont j”ignore la fonction - un vigile ? - me dit qu’il n’a pas le choix, qu’il va devoir faire rentrer les jeunes dans ma salle car il a trop de monde en haut. Je proteste : j’ai réservé la salle jusqu’à 2h et c'était même possible de l'avoir jusqu'à 5 ! Il me répond que je n’ai pas assez de monde dans la mienne, alors que j’ai eu exactement le nombre d’invités prévu pour cette salle sur privateaser (40). Monsieur me dit qu’il est désolé mais qu’il n’a pas le choix. A minuit, les jeunes débarquent. Ce n’est plus ma soirée d’anniversaire. Nous décidons de partir.
Voilà.
En résumé, à vous qui souhaitez passer un bon anniversaire entre amis, sachez qu’il est impossible de se fier aux gens qui gèrent ce bar - à moins d’être leur copain j’imagine. Ce qui les résume, c’est l’opportunisme, la mauvaise foi et l’absence totale de savoir-vivre.
De cette soirée je tâcherai de ne garder en souvenir que les deux heures de grâce (entre 20h30 et 22h30 environ) où j’ai réussi à me détendre, grâce à mes amis.